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Les myth(é)ologies de Jean-Paul Thaéron

"... il se perdait parmi les demi-cercles maniables et les demi-cercles dangereux, les quarts de cercle droits et gauches, les courbes des orbites, la trajectoire du centre et le gisement probable de celui-ci, les sautes de vent et les hauteurs du baromètre. Il essayait d'amener toutes ces choses en relation directe avec lui ; mais 1a colère l'avait enfin envahi contre une telle avalanche de mots, contre tant de conseils, un travail si purement cérébral et des suppositions sans une lueur de certitude... (1) "

S'il fallait constituer un glossaire pour l'œuvre de Jean-Paul Thaéron, nous y retrouverions à profusion des termes de minéralogie, de paléontologie, de stratigraphie ou de tectonique. À regarder sa peinture trop rapidement nous ne pourrions qu'être submergés - voire irrités par tant de volubilité dans l'iconographie désignée : depuis les très grands formats jusqu'aux petites huiles sérielles, projectiles, météorites, pavois, chaudrons, anémones de mer, coulées de lave prolifèrent et transitent en une incessante arborescence visuelle.
Dans son cours de peinture publié en 1708, Roger de Piles (2) nous dit que l'essence et la définition de la peinture est l'imitation des objets visibles par le moyen de la forme et des couleurs. Elle ne permet à personne de passer indifférent par un lieu où sera quelque tableau qui porte ce caractère, sans être comme surpris, sans s'arrêter et sans jouir quelque temps du plaisir et de sa surprise. La peinture serait donc celle qui nous appelle (pour ainsi dire) en nous surprenant, et ce n'est que par la force de l'effet qu'elle produit que nous ne pouvons nous empêcher d'en approcher, comme si elle avait quelque chose à nous dire.